À l’heure où le ferroviaire revient en force à Besançon avec le tramway, intéressons-nous à un autre aspect de son patrimoine, qui peut lui-aussi retrouver sa place dans la chaîne des déplacements durables actuels.
Nous voulons parler des anciennes voies ferrées, pouvant être transformées en voies vertes.
N’oublions pas, en effet, que l’Association Vélo Besançon est relais local de l’AF3V, et que pour cette raison elle essaie de développer et faire connaître les différentes véloroutes et voies vertes se trouvant à quelques coups de pédales de notre belle ville.
Or, nous avons entendu dire qu’une petite voie verte existait en Haute-Saône toute proche, sur une ancienne voie ferrée. Il n’en fallait pas plus pour aiguiser notre curiosité.
Nous avons donc souhaité aller non seulement y faire un tour, mais également en savoir plus sur l’ancienne voie ferrée concernée : dans quel état est-elle ? Est-il imaginable de la voir transformée en voie verte sur une longueur plus importante ?
La ligne de Besançon à Gray
Exploitée de 1858 à la seconde guerre mondiale, cette ligne en voie unique partait de Besançon et désservait près de chez nous les villages de Miserey, Moncley, Émagny, Brussey, Marnay… et ainsi de suite jusqu’à Gray.
De Besançon à Miserey, vous l’avez peut-être déjà prise sans le savoir : en effet, la ligne était sur les mêmes voies que celle de Besançon à Vesoul, récemment remise en état pour relier la gare TGV à la gare Viotte.
Il n’y a donc rien à espérer sur ce tronçon pour les cyclistes. Le ferroviaire y a repris ses droits.
C’est donc à partir de Miserey que nous avons cherché – et trouvé – la plate-forme de l’ancienne voie.
De Miserey à la LGV : haute tension !
Face à nous : un chemin, longeant la plate-forme. À droite, la ligne remise en service, dont nous voyons les supports de caténaires.
La plate-forme est donc devant nous, mais elle est grillagée. Nous allons donc voir un peu plus loin si l’accès est permis.
Nous passons dessous par un joli pont encore en bon état, puis poursuivons sur le chemin, qui la longe toujours.
Plus qu’à escalader un talus, et nous sommes sur la plate-forme. La végétation y a repris ses droits, mais pas autant que nous l’aurions imaginé.
Mais voilà pourquoi :
RFF a judicieusement profité de la présence de cette plate-forme, qui fonce en direction de la LGV, pour y faire passer les câbles d’alimentation électrique de celle-ci.
Ils sont ici enterrés.
Non sans mal, nous arrivons à avancer dans la verdure.
Croisement avec un chemin forestier.
Pont d’un chemin forestier.
Surprise : au dessus d’Auxon, nous sommes derrière un grillage.
Nous voici bientôt à la sortie du bois. Devant nous, les câbles sont désormais aériens et entre les poteaux se déroule un chemin qui est une véritable incitation au pédalage.
Mais hélas, un grillage en barre totalement l’accès. Visiblement, la partie où les câbles sont aériens est interdite au public. L’objectif de l’appareil photo sera le seul à se glisser (d’où l’absence du grillage sur l’image). Vélo et cycliste font demi-tour jusqu’au chemin forestier précédent.
Après avoir rejoint la route puis d’agréables chemins ruraux, nous retrouvons la plate-forme un peu plus loin.
Mais là encore, seul l’appareil photo arrive à se glisser. Tout est grillagé.
Errant de chemins champêtres en sentiers forestiers, nous recroisons plusieurs fois la plate-forme. Tantôt à niveau, tantôt en dessous…
Mais pas au dessus, car un pont semble avoir purement et simplement été supprimé en raison de la hauteur des câbles.
Ici, tous les chemins mènent à la LGV (pour Rome, ça doit être possible mais renseignez-vous à la gare d’Auxon).
Des petits chemins revêtus la longent de chaque côté. C’est pratique.
Nous retrouvons notre ancienne voie ferrée et ses lignes aériennes.
Voir une voie ferrée sans ligne électrique, ce n’est pas rare. Voir l’inverse l’est davantage. Ça fait un drôle d’effet.
Voilà où vont les lignes électriques. Quant à la plate-forme, elle a purement et simplement disparu ici.
Tous nos espoirs de voir un jour une voie verte sur ce tronçon viennent de s’envoler. Mais qu’à cela ne tienne. Allons voir plus loin.
De la LGV à Émagny : surprise !
Nous longeons la LGV puis la franchissons par un pont non loin de là.
Nous longeons à nouveau la voie, sur l’autre rive et dans l’autre sens, à la recherche de la suite de la plate-forme ferroviaire.
C’est tranquille. Il n’y a aucun trafic motorisé. À l’exception de celui-ci mais il ne risque pas de nous écraser…
Ça y est, nous apercevons la plate-forme. Et là, surprise !
Un panneau voie verte se trouve devant nous.
Voici donc une voie verte dont nous ignorions l’existence.
Son revêtement exclut d’office les rollers, fauteuils roulants et vélos de course. Mais avec un vélo fait pour les routes et les chemins ça passe bien.
Ce banc semble avoir été déposé là par quelqu’un du coin plutôt que par un aménageur. Nous n’en verrons aucun autre et ce n’est pas le genre de banc qu’on trouve habituellement le long des voies vertes. Mais ce n’est pas une mauvaise idée !
Le revêtement est assez roulant, tant qu’on reste dans les traces existantes.
C’est similaire à la voie verte qui descend de l’Hôpital-du-Grosbois en direction d’Ornans, si vous connaissez.
Joli pont.
« Passage à niveau… »
Bien qu’il y ait encore un panneau voie verte ici, le revêtement est plus grossier après le croisement. Il semble ne pas y avoir eu vraiment de volonté d’aménager. Ça passe mais c’est moins roulant.
D’ailleurs, la signalisation n’est plus la même :
Plus de panneau voie verte, mais un panneau interdisant l’accès des véhicules à moteur (ce qui revient à peu près au même).
Il ne semble pas non plus y avoir d’entretien.
Soudain, une forte odeur se fait sentir. Qu’est-ce donc ?
Nous longeons le tristement célèbre élevage de visons d’Émagny qui a déjà fait l’objet de plusieurs manifestations pour sa fermetures.
Parfois, le revêtement est tellement grossier qu’on se demande s’il ne reste pas du ballast d’époque. Un peu plus loin, c’est carrément de l’herbe.
Gare d’Émagny.
Ancien passage à niveau. Attention aux rails.
Maison de gardes-barrières.
Aménagements cyclables dans la rue principale.
Au croisement suivant, nous découvrons qu’il a été tenu compte de la plate-forme d’un côté de la route mais pas de l’autre. Curieux.
Bordure de 20 cm de haut.
Nous nous engageons sur ce dernier tronçon recouvert d’herbe, mais…
À moins d’être un aventurier, il n’est pas possible de traverser l’Ognon pour gagner la Haute-Saône.
Dommage, car la voie verte dont nous avions entendu parler et qui nous a amenés ici n’est plus très loin.
De Pin à Marnay : la voie verte
Nous rebroussons chemin en direction du village, et gagnons la Haute-Saône par la route.
C’est toujours bien de trouver des campings le long des itinéraires potentiellement aménageables en véloroutes ou voies vertes… Malheureusement, celui-ci semble fermé.
L’Ognon.
Nous commençons par prendre la direction de Marnay, avant de bifurquer rapidement sur ce chemin :
La plate-forme est là.
Nous retrouvons notre pont.
Mais sur la plate-forme, c’est la jungle.
Nous suivons donc la plate-forme sur un chemin parallèle.
Voici rapidement un autre pont, similaire au précédent mais plus court. Il enjambe deux chemins, séparés par une rigole, et depuis où nous sommes nous apercevons quelque chose…
Nous franchissons la rigole. Pour cela, il faut passer deux fois sous le pont.
Il y a bien ici – au milieu de nulle part puisque le seul accès est celui que nous avons pris – un chemin qui monte sur la plate-forme.
Nous voici sur celle-ci. D’un côté, le pont qui a été barré.
De l’autre, une voie en stabilisé bien roulant qui n’attend que nous.
C’est parti.
Malheureusement, des barrières en chicane nous coupent dans notre élan.
Ça passe aisément, mais il est tout de même nécessaire de ralentir fortement pour les franchir, et donc de relancer ensuite.
Dommage. Il faudrait que cela soit comme sur la véloroute du Doubs, où sauf cas exceptionnel l’une des deux demi-barrières est ouverte.
Une maison de garde-barrières qui a été bien agrandie.
Il y aura ces barrières à tous les croisements, même quand on croise un chemin de terre. C’est vraiment dommage.
Vestige ferroviaire qui dépasse du sol !
Nous longeons la route, en toute quiétude et sécurité.
L’arrêté réglementant la circulation sur la voie verte est affiché.
Vestiges de rails, une nouvelle fois.
Maison de gardes-barrières camouflée.
Jolie idée, ce présentoir qui donne une documentation sur le milieu naturel traversé.
Petit passage technique : le ruissellement des eaux a endommagé le revêtement juste sous les barrières.
Prochain passage à niveau à 300 mètres…
Les barrières sont très bien… quand il en manque une.
L’aménagement se termine ici. Mais la plate-forme est encore praticable.
Notre voyage s’arrête en gare de Marnay.
La plate-forme semble encore praticable mais nous ne sommes pas allés au delà. En effet, comme on peut le voir sur les photos (et cela explique en partie leur qualité médiocre), ce reportage a été fait en fin de journée et il fallait reparcourir dans l’autre sens la petite trentaine de kilomètres nous ayant amenés ici.
Nous sommes rentrés à la nuit tombée, et avons testé pour le retour un itinéraire qui pourrait être balisé sur des routes à faible trafic pour rejoindre la voie verte depuis Besançon.
Il consisterait à sortir de la ville par l’itinéraire centre-ville-campus, puis à passer par les Montboucons puis Pelousey.
Conclusion
Nous voulions parcourir une voie verte, et souhaitions savoir si le reste de la plate-forme était aménageable.
Nous avons découvert qu’une partie de celle-ci était déjà aménagée – compensant ainsi la déception de voir que le premier tronçon ne pourrait sans doute jamais l’être.
Alors certes, l’aménagement est minimal et il mériterait d’être amélioré. Mais ce n’est pas tous les jours qu’on tombe sur une réalisation déjà praticable, qui précède notre demande.
Quant à la voie verte qui était l’objectif de ce voyage, elle est très correcte pour un aménagement réalisé par une petite communauté de communes. Quelques détails pourraient toutefois être améliorés, comme l’ouverture d’une demi-barrière sur deux et l’enlèvement des morceaux de rails qui dépassent et pourraient constituer un danger pour un cycliste non expérimenté (enfant…).
Reste à faire de tout cela quelque chose de cohérent, et à le promouvoir pour que l’itinéraire connaisse le succès qu’il mérite.
Cela pourrait être fait en mettant en place une signalisation et en prolongeant l’itinéraire par des liaisons sur routes à faible trafic vers Besançon d’un côté, et Gray ou Pesmes de l’autre. Une belle liaison touristique, facile à réaliser et peu coûteuse, entre la Véloroute des Rives de Saône et l’Eurovéloroute 6…
À suivre…
Carte
La carte ci-dessous présente l’ancienne voie ferrée, avec les tronçons aménagés ou non, et les liaisons possibles sur routes pour relier entre elles, et avec Besançon, les sections aménagées.
Cliquez sur la carte pour visualiser une version plus grande et plus précise.
Les deux versions de la carte ont été intégralement réalisées avec le logiciel libre QGIS et les données d’OpenStreetMap (mises à jour par nos soins au préalable).
Source de l’illustration.
La photo de la gare de Brussey vient du blog de ce village, sur lequel vous trouverez également un article sur la voie verte.
Merci pour ce reportage très bien illustré !
Pour information, la dénomination exacte de cette ancienne ligne est « ligne de Montagney à Miserey-Salines ».
Et une bonne nouvelle : les deux ponts métalliques seraient (bientôt ou déjà ?) rénovés, selon le site de la commune d’Emagny : https://emagny.fr/2019/11/27/la-voie-verte-les-travaux-damenagements-bientot-finis/
Bonne nouvelle, je confirme : on peut franchir l’ Ognon grâce aux deux ponts remis en état ! 🙂
Merci aux collectivités locales pour cette initiative !
Les ponts sur l’ Ognon sont ouverts depuis 2021 à Emagny.
Bonne route !