De Morre à Besançon, il y a exactement trois kilomètres. Une distance si faible que rien ne justifie l’usage d’une voiture pour la parcourir, à moins d’avoir quelque chose d’encombrant à transporter, ou des difficultés à se déplacer.
En plus, même si l’itinéraire n’est pas plat, la pente est suffisamment douce pour être à la portée de chacun. On est loin des raidillons qu’on trouve entre la Malate et Montfaucon, ou pour monter à la Chapelle des Buis.
Pourtant, jusqu’à maintenant, personne n’aurait imaginé faire ce trajet à vélo. Et pour cause : principal accès à Besançon depuis le plateau, mais aussi le Haut-Doubs et la Suisse, la côte de Morre était un véritable cauchemar : tant pour les automobilistes fréquemment coincés dans des bouchons que pour les cyclistes mis en danger par le nombre et la vitesse des véhicules – à moins de passer exactement à l’heure des bouchons et dans lemême sens que ceux-ci !
Avec l’ouverture l’année dernière de la voie des Mercureaux, on aurait pu espérer que la situation s’améliore. Mais il n’en fut rien. Au contraire, le nombre de véhicules a suffisamment diminué pour qu’ils roulent plus vite, mais pas assez pour espérer s’y aventurer à bicyclette.
La solution est venue de la CAGB, et c’est Monsieur Fousseret qui l’a annoncé en personne. « Nous allons réserver le tronçon compris entre Morre et Besançon aux vélos, transports en commun et véhicules de secours. »
L’objectif est clair : « favoriser le report modal de la voiture particulière vers les modes de déplacement doux et les transports en commun », et les moyens d’y parvenir clairement définis : « création d’un parking relais au niveau du Trou au Loup, création d’une ligne régulière depuis ce parking vers différents points de la ville dont Chamars et la gare Viotte, futurs pôles multimodaux d’une grande importance avec l’arrivée du tram, renforcement des autres lignes de bus, et amélioration de l’accès des cyclistes au quartier Rivotte, afin d’accéder dans les meilleures conditions au tronçon réservé ».
Bien sûr, cette nouvelle annonce n’a pas été sans susciter des questionnements, notamment chez les habitants de Morre. La réponse fut très claire : « On pourra toujours accéder à Morre depuis le plateau sans restrictions. Par ailleurs, il sera également possible de passer de Morre à Besançon en voiture sur les voies réservées, en demandant une autorisation, car l’objectif n’est pas de faire parcourir un détour par les Mercureaux à quelqu’un qui justifie d’un réel besoin d’utiliser sa voiture entre Morre et Besançon. Par contre, toute voiture arrivant du plateau et souhaitant descendre sur Besançon devra passer par les Mercureaux. ».
Alors ? Satisfaits, les habitants ? Interrogé, le conducteur d’un 4×4 criait au scandale, tandis que deux autres habitantes du village se déclairaient ravies de « pouvoir enfin aller librement à Besançon, sans s’encombrer d’une voiture qu’on ne sait pas où garer en arrivant ».
À Rivotte, le magasin Doubs Paturage envisageait déjà des solutions pour mieux accueillir les cyclistes et les personnes attendant le bus. Quant au propriétaire de la station Total, qu’on aurait pu imager être le grand perdant de cette histoire, il a pris les choses avec philosophie. « Je crois que je vais me lancer dans la vente de vélos à assistance électrique ! », a-t-il déclaré.
Et le calendrier, dans tout ça ? La mise en place de cette mesure est prévue en même temps que la mise en service du tramway « car ça sera le bon moment pour faire changer les habitudes des gens », a indiqué M. Fousseret. D’ici là, il faudra donc s’armer de patience.
Bon ben en 2022, rien de tout cela ne s’est réalisé…