Cela ne vous a sans doute pas échappé : depuis l’été dernier, l’avenue de la Paix a changé de configuration l’été dernier. Si cela avait été partiellement évoqué dans cet article, il n’y avait pas encore eu d’article complet à ce sujet.
D’une configuration routière à sens unique, avec plusieurs voies de circulation, l’avenue est passée à une configuration plus apaisée où tout le monde a sa place : voitures, bus, cyclistes et piétons.
Voici une visite en images de ce qui constitue pour les cyclistes une importante amélioration. Nous y détaillerons également les éléments qui peuvent, malgré cela, nécessiter encore d’être améliorés.
Commençons par le commencement. Nous sommes devant la gare, dans une voie bus autorisée aux cyclistes.
Nous nous engageons sur le pont. Attention : pour cela, nous coupons la trajectoire des automobilistes qui partent sur la rue de Vesoul et ils sont nombreux. Pour des raisons de sécurité, il faut bien montrer à ces automobilistes qu’on va tourner et qu’ils doivent nous laisser le faire. Sans toutefois prendre des risques inutiles s’ils forcent le passage.
On peut sans doute regretter que l’aménagement ne facilite pas davantage cette manœuvre, mais il faut reconnaître qu’il n’y avait guère d’autre solution.
Sur le pont, la bande cyclable a une largeur confortable.
Par contre, les véhicules, surtout les plus larges, ont tendance à la frôler voire à carrément rouler dessus lorsqu’il n’y a pas de cyclistes. En effet, les quilles jaunes placées au centre de la chaussée les y incitent fortement.
Ces quilles sont toutefois indispensables : en effet, l’expérience des travaux du tram a montré que même avec toute la signalisation possible, les automobilistes peuvent ne pas remarquer les changements. (Cf. la rue Baille, dont le sens a été inversé durant trois ans et où les riverains ont vu des automobilistes passer à contresens jusqu’à la fin de ces trois ans.)
Ici, on imagine sans mal, avec l’absence de visibilitée causée par le pont, ce qui se produirait si un automobiliste distrait prenait la voie de gauche, désormais devenue un « contresens » bus-vélo.
À la sortie du pont, la bande cyclable comporte malheureusement une grille dont l’entourage laisser à désirer.
Lors de la réalisation de la bande, un trou existait à gauche de la grille. Il a été colmaté par une retouche d’enrobé, mais cela reste difficilement praticable avec un vélo sans suspensions et oblige à faire un écart et à frôler le trafic automobile.
D’un point de vue général, boucher un nid de poule avec de l’enrobé est très rarement satisfaisant pour les cyclistes car il n’est guère possible d’obtenir un résultat suffisamment lisse. Sur la véloroute, le Conseil Général a parfois utilisé du ciment, pour un résultat tout à fait satisfaisant. Serait-ce une solution ici ?
Nous rejoignons le trafic automobile arrivant de la rue de Vesoul sur notre droite.
Avant, la voie arrivant de droite venait s’ajouter aux deux voies venant du pont, ce qui donnait un effet de « voie d’accélération » extrêmement dangereux pour les cyclistes.
Aujourd’hui, cela été revu et corrigé de façon à faire perdre la priorité aux usagers arrivant de droite, en les obligeant à ralentir. C’est un aménagement très réussi, qui montre qu’on peut arriver, avec un peu de peinture, deux îlots et deux panneaux, à transformer une configuration très dangereuse en quelque chose de parfaitement sécurisant.
On remarque que les cyclistes arrivant de la rue de Vesoul n’ont pas été oubliés : un passage leur permet en effet d’aller tout droit sans subir la même contrainte que les automobilistes.
On continue en direction de la place Leclerc.
Arrivé place Leclerc, notre aménagement s’arrête. Nous rejoignons la circulation générale. Bien sûr, ce n’est pas satisfaisant. Mais nous espérons que d’importantes améliorations aient lieu place Leclerc dans le cadre des travaux du TCSP dont nous n’avons pas encore vu de plans précis.
Passons à l’autre sens.
Depuis la place Leclerc, il est désormais possible de tourner à gauche pour prendre l’avenue de la Paix, mais il y a deux bémols :
– Le premier, c’est l’insécurité (réelle ou ressentie). Certes, on peut tourner à gauche en toute sécurité lorsque l’on a le feu vert, mais ça reste impressionnant pour la plupart des cyclistes. Et par ailleurs, pour faire cela, il faut arriver à se positionner à gauche de la chaussée et c’est une manœuvre délicate.
– Le second, c’est la signalisation. C’est officiellement une voie bus-vélo. Or, la signalisation indique seulement « sauf bus ». Ce n’est pas clair pour les cyclistes, et pas réglementaire.
On s’engage donc. Remarquons que sur le trottoir existe encore une bande cyclable. Mais il faut rouler sur le trottoir pour s’y engager. Nous préfèrerons donc la voie bus.
Ici, on peut toujours repasser sur la bande cyclable si l’on préfère. Nous continuons sur la voie bus.
À l’approche du pont, la voie bus se rétrécit et la pente s’accroît.
Rétrécissement, et augmentation de la pente sont synonymes d’inconfort pour le cycliste et de ralentissements pour les bus. Il a donc été décidé d’abaisser le trottoir pour permettre de rejoindre la bande cyclable. Et c’est une très bonne idée. En plus, le seuil est parfaitement à zéro et c’est suffisamment rare pour être signalé. Mais…
Mais comme vous le voyez sur les photos, la partie franchissable fait la largeur d’une bordure de trottoir, soit 1m.
Par ailleurs, si vous arrivez là, à vélo, à une vitesse normale, et ne souhaitez pas ralentir (surtout si un bus vous suit), vous devrez passer en biais. Or, franchir une largeur de 1m, en biais, c’est comme franchir de face une largeur de 30 cm environ, comme le montre la figure suivante.
L’axe des abscisses représente la bordure de trottoir. Au dessus, c’est la chaussée ; en dessous c’est la bande cyclable sur trottoir.
Les points A et B, distants de 1m, représentent la bordure qui est abaissée. Mais comme vous arrivez de biais, c’est comme si vous visiez entre les points A et D, qui sont, eux, distants d’une trentaine de centimètres.
Alors, bien sûr, un cycliste ayant une bonne maîtrise peut passer dans 30cm sans ralentir, et même dans moins de 10. Mais beaucoup de cyclistes urbains n’ont justement pas cette maîtrise. De même qu’un automobiliste lambda n’est pas un pilote.
Or, les aménagements devraient être suffisamment ergonomiques pour ces cyclistes là. Ce sont eux qui en ont le plus besoin. Sans parler des remorques, qui font entre 80cm et 1m de large en général.
Nous poursuivons. Soit sur la voie bus, soit sur la bande cyclable sur le trottoir (auquel cas nous devons cohabiter avec les piétons sur le pont, mais ils sont rares).
Mais à l’approche de la gare, si l’on a pris la bande et à moins de vouloir descendre dans le parc, on se retrouve sur un trottoir et face à poteau de feux. Il valait donc mieux rester sur la voie bus si l’on voulait rejoindre la gare, l’avenue Foch ou la rue de la Viotte.
Par ailleurs, ce feu mériterait un cédez-le-passage cycliste, tout comme le suivant.
Autres remarques :
Dans le sens est-ouest, si l’on souhaite entrer dans le jardin botanique depuis la bande cyclable, la bordure du trottoir est beaucoup trop haute (4 cm au moins). C’est inconfortable et dangereux.
Dans le sens ouest-est, ce réaménagement de l’avenue permet de traverser le jardin botanique pour rattraper ensuite la voie bus de l’avenue. Les trois voies d’avant rendaient cette option beaucoup trop dangereuse. Une adhérente nous a donc fait remarquer qu’il aurait pu être intéressant d’abaisser le trottoir en face de l’entrée du jardin botanique, et non pas 50 mètres plus loin, où la voie bus se rétrécit.
Conclusion :
Cet aménagement est une réelle avancée pour les cyclistes. C’est un exemple de transformation réussie d’une voie routière dangereuse en une configuration où tous les usagers ont leur place. Notre association ne peut que s’en réjouir et l’approuver.
Toutefois, quelques défauts subsistent pour que l’aménagement soit confortable pour tous les cyclistes et pas seulement les plus adroits. Et nous souhaiterions très vivement que la signalisation nécessaire soit posée (panonceaux « sauf cyclistes » et pas seulement « sauf bus », et pictogrammes vélo au sol dans la voie bus).
Par ailleurs, nous souhaitons disposer des informations nécessaires pour savoir comment sera traitée la connexion avec la place Leclerc qui n’est pour l’instant pas cyclable.