Si nous étions dans un monde idéal, tous les grands giratoires seraient aménagés de cette façon pour les cyclistes.
Explications…
Le giratoire, un carrefour complexe.
Le giratoire permet de réduire les accidents tout en fluidifiant le trafic. C’est bien, mais pour les cyclistes c’est un carrefour compliqué à gérer à partir d’un certain diamètre.
– Si l’on roule à droite, c’est le cisaillement de trajectoire, parfois involontaire, par les véhicules sortant ou entrant tandis que nous restons sur l’anneau.
– Si au contraire nous prenons notre place sur la chaussée, certains automobilistes ne l’acceptent pas et n’hésitent pas à klaxonner. Voire pire.
– Par ailleurs, faire tout le tour d’un giratoire alors qu’on veut prendre la sortie juste à notre gauche est une manœuvre longue et artificielle.
L’usager non motorisé, un éternel rebelle.
Face à une situation difficile à gérer, un piéton ou un cycliste fera non pas ce que la signalisation lui dicte de faire, mais ce qui lui paraîtra le plus naturel.
Un automobiliste, on arrive à le faire passer où l’on veut. Non pas qu’il soit plus discipliné, mais il n’a pas de sentiment d’insécurité, ne fournit pas d’effort physique pour avancer, a l’habitude d’avoir une signalisation pour lui, et il existe tout un tas de solutions techniques pour l’obliger à passer où l’on souhaite.
À l’inverse, le piéton ou le cycliste a l’habitude de ne pas trouver de signalisation, ou alors mal pensée. Et il recherche en général une trajectoire qui soit le meilleur compromis entre la sécurité ou le confort souhaité, et l’effort qu’il est prêt à fournir. Des paramètres qui varient fortement d’une personne à l’autre.
Ainsi, la façon dont les cyclistes empruntent les giratoires n’est pas forcément celle prévue par le code de la route. Une bonne partie empruntera les trottoirs, et en particulier lorsqu’il s’agit de sortir dans la moitié gauche de l’anneau. L’intérêt est évident : l’effort est moindre, et la sécurité est accrue en diminuant les points de conflits possibles avec les automobilistes… mais au détriment des piétons.
Alors que faire ?
Appliquer ce qui devrait être une règle d’or : un aménagement qui fonctionne est un aménagement qui est fait pour offrir à l’usager non motorisé la trajectoire qu’il a envie d’emprunter. Au lieu de tenter de le canaliser là où il a tout un tas de bonnes raisons de ne pas vouloir passer.
C’est exactement ce qu’ont fait les Néérlandais en réalisant des giratoires comme celui de cette vidéo, entourés d’une piste cyclable à double-sens séparée du reste du trafic et prioritaire aux intersections.
La cohabitation avec les voitures est facilitée par un régime de priorités très clair (bonne sécurité), et on a la possibilité de contourner le giratoire par la droite ou par la gauche selon la direction à prendre (principe du moindre effort).
Alors bien sûr, on n’est pas dans un monde idéal, et on n’a pas toujours la place nécessaire.
Mais à Besançon, on aurait par exemple eu la place de le faire sur le giratoire Mallarmé lorsqu’il a été rénové. Rien n’empêchait de resserrer l’anneau pour libérer de la place. Au lieu de cela, on nous a raconté qu’il serait refait à l’identique pour des raisons financières… ce qui nous a laissé, en découvrant les coûteux aménagements décoratifs qui y ont été réalisés, une impression de nous être bien faits mener en bateau. Et en plus, illégalement (note).
On peut aussi citer le giratoire créé en face du CHU Minjoz. Ce cas est un peu moins grave puisque des aménagements pas trop mal pensés ont été créés. La loi et les cyclistes sont donc respectés. Mais il aurait pu être aménagé ainsi, ce qui aurait été encore mieux.
Pour ceux qui douteraient que ce type d’aménagement puisse exister en France, voici un exemple Mulhousien. Certes, la piste est beaucoup moins belle que celle de la vidéo, mais le principe est le même. On a bien une piste à double sens, séparée des véhicules, autour du giratoire. Pour l’avoir testée plusieurs fois, le croisement avec les véhicules fonctionne très bien. Il y a d’autres exemples similaires sur d’autres giratoires proches de celui-ci.
Note :
(Note) L’article L 228-2 du code de l’environnement n’a pas été respecté. On était bien en présence d’une rénovation importante de voirie, et l’obligation de créer un itinéraire cyclable s’appliquait. (retour au texte)