Adressée le 21 mai 2015.
Monsieur le Maire,
Ces dernières années, l’Association Vélo Besançon a beaucoup travaillé en concertation avec la ville de Besançon, et fait de son mieux pour formuler des propositions crédibles et constructives visant à améliorer les conditions de circulation des personnes désireuses de se déplacer à vélo.
Des aménagements favorables aux cyclistes sont réalisés par la Ville de Besançon, et l’association le reconnaît volontiers, notamment à travers les articles publiés sur son site internet.
Malheureusement, cela est très loin d’être suffisant pour constituer une politique cyclable ambitieuse et à la hauteur d’une ville qui s’autoproclame innovante dans le domaine des transports, grâce à une « série d’alternatives modernes et accessibles à tous : le réseau bus & tram, les parc-relais, les pistes cyclables, les modes doux, Vélocité et l’autopartage » (BVV n°398 édito).
Ce manque d’ambition s’est d’ailleurs traduit dans le nouveau Plan de Déplacement Urbain du Grand Besançon, avec un objectif on ne peut plus modeste de faire passer la part modale du vélo de 3% à 4% en dix ans, alors que certaines agglomérations françaises visent plus de 10%, et que des parts modales de plus de 30% sont déjà atteintes par des villes étrangères au climat plus rude que Besançon. Le rapport de la commission d’enquête vous conseille expressément de revoir cet objectif à la hausse en le passant de 4% à 6%.
De très nombreux motifs d’insatisfaction subsistent avec en premier lieu les travaux de création ou rénovation de voirie urbaines réalisés sans mise en place d’un nouvel aménagement cyclable, ce qui constitue un non respect de l’article L228-2 du code de l’environnement.
En vertu de cette loi renforcée au fil des ans par de nombreuses jurisprudences, depuis le 1er janvier 1998 la mise en place d’aménagement cyclables est obligatoire dès lors qu’il y a construction ou rénovation d’une voie urbaine. Et ce dans tous les cas. La non mise en place d’un aménagement cyclable ne peut être justifié ni par un trafic automobile, ni par un problème de congestion du trafic automobile, ni par un soi-disant manque d’intérêt d’un tel aménagement dû à une soi-disant faible fréquentation cycliste, etc.
Des travaux de grande importance sont ainsi réalisés régulièrement sans prise en compte des cyclistes, parmi lesquels on peut citer le giratoire Mallarmé, l’avenue Edgar Faure, et bien sûr le pont de Bregille où un aménagement cyclable a été supprimé et n’a toujours pas été rétabli malgré un engagement écrit de votre précédente adjointe à la Voirie, Mme Weinman.
Ces dernières semaines, nous vous avons écrit à deux reprises. Lorsque nous avons souhaité vous rencontrer pour discuter des projets de développement des aménagements cyclables, vous nous avez renvoyés vers votre adjointe à la voirie avec qui nous avons déjà des contacts réguliers.
Ensuite nous vous avons rappelé vos obligations légales et demandé de respecter la loi lors des travaux engagés au mois d’avril concernant de nombreuses rues dont les rues Plançons, des Jardins, du docteur Girardot, des Chaprais et les avenues Gaulard et d’Helvétie. Vous nous avez alors adressé un long courrier détaillant de nombreuses raisons techniques à la non application de cette loi, toutes légalement irrecevables !
Selon vous, Monsieur le Maire, « tous les projets n’ont pu intégrer des voies cyclables pour des raisons techniques (…) ou par un manque d’intérêt justifié auprès des cyclistes ». Oubliez vous, que les faibles fréquentations cyclistes peuvent justement être la conséquence d’une situation très inconfortable ? En nous répondant de la sorte, vous oubliez que la plupart de nos revendications sont focalisées sur des axes où l’usage massif de l’automobile induit un excès de stationnement et des voies surnuméraires. Ainsi, quand vous justifiez le manquement à la loi par un manque d’emprises publiques nécessaires, nous vous suggérons de supprimer la très inutile troisième voie sur le pont de Bregille, ou encore de supprimer des stationnements sur chaussée rue Xavier Marmier ou rue de Belfort. Il semblerait que ne pas trouver d’emprise nécessaire aux cyclistes soit juste un manque de volonté politique de votre part.
Puis vous interprétez la loi comme étant simplement là « pour faire évoluer les déplacements dans la limite du raisonnable et du réalisable. » Devons-nous comprendre une fois de plus que vous considérez clairement le vélo comme la dernière roue du carrosse et que si l’on a de l’espace et des fonds à consacrer au vélo ce sera en regard de son usage actuel ? Faites-vous le strict minimum pour que rien ne change et prouver que le vélo n’a pas d’avenir ?
Vous dites également que vous recevez « encore trop souvent des critiques de la part des cyclistes qui méconnaissent les règles d’aménagements, de circulation à vélo ou adoptent des comportements dangereux ou imprudents ». Écoutez donc leurs critiques ! Elles doivent être pertinentes puisque ce sont eux qui pratiquent tous les jours vos aménagements.
Vous voulez nous faire croire que les cyclistes se moquent d’un aménagement exhaustif du réseau et vous cherchez à justifier que le vélo passe après la fluidité du réseau des véhicules motorisés. Ne pensez-vous pas qu’il faut une alternative viable à l’automobile pour que les gens s’en délestent ? Les transports en commun ne peuvent offrir à tous cette alternative.
Par conséquent, nous vous informons, Monsieur le Maire, que nous appelons l’ensemble des bisontins à manifester le 30 mai prochain pour réclamer, d’une part, l’application systématique et entière de la loi, et d’autre part une politique cyclable ambitieuse avec des itinéraires cohérents et continus. Le rendez-vous est fixé samedi 30 mai à 14h30 sur la place de la Révolution.
Dans l’espoir que vous preniez enfin en compte le vélo comme un mode de déplacement contribuant à préserver l’environnement, la qualité de vie des Bisontins et les finances publiques, nous vous adressons nos sincères salutations.
L’Association Vélo Besançon