On ne présente plus la rue de Belfort qui est l’une des principales artères de notre ville, et qui figure parmi les deux demandes les plus prioritaires de notre association (l’autre étant la rue de Vesoul).
Depuis sa création, notre association demande que cette rue soit équipée de bandes cyclables (au moins dans le sens montant, car sa largeur ne permet pas d’en tracer partout dans les deux sens).
Or, à l’occasion d’une réfection de la couche de roulement, de la rue Marie Louise au croisement du tramway, c’est ce qui a été fait. Ça pourrait donc être une victoire… mais laissons parler les photos.
Sens montant :
Nous arrivons de la rue Marie Louise. Aucune bande cyclable à l’horizon… mais des voitures stationnées !
En effet, la ville de Besançon a préféré conserver les places de stationnement figurant sur la chaussée plutôt que de tracer une bande cyclable indispensable à la sécurité des cyclistes.
Pas d’amélioration ici pour les cyclistes. On est toujours pris en sandwitch entre les voitures stationnées et celles qui s’impatientent derrière nous. À moins de prendre le trottoir, ce que font bon nombre de cyclistes mais cela reporte le problème sur les piétons (qui ne sont pas rares dans ce secteur).
En l’absence de commerces (sauf Picard qui a son propre parking), et compte-tenu du nombre important de places de stationnement déjà disponibles dans les petites rues (Fourier, du Pater, de l’église…), ce choix n’est absolument pas défendable. Et même si la rue était commerçante, il ne le serait pas : c’est la sécurité des usagers les plus vertueux qui est en jeu.
Les places figurant sur cette photos ont été recréées après le chantier de construction de l’immeuble de droite, qui a duré des années. Or, cet immeuble dispose d’un parking souterrain gigantesque pour ses habitants.
Voici bientôt les dernières places de stationnement. La bande cyclable est visible.
Nous y voici enfin.
Elle n’est pas extrêmement large, mais la largeur de la rue ne permettait pas mieux. Sachant que la pente de la rue est très forte ici, nous sommes contents de l’avoir.
C’est ici que la pente est la plus forte.
À hauteur de l’école, où la pente est encore forte, la bande cyclable se poursuit et c’est bien agréable.
À hauteur de la rue Rézal, un miracle s’est produit : contre toute attente, la voie de tourne-à-gauche a été supprimée pour permettre la continuité de la bande. Cela n’arrive presque jamais. Inutile de dire que c’est très appréciable. Cela sécurise grandement la manœuvre consistant à passer le feu rouge sans s’arrêter, qui est autorisée ici (malgré une disparition récente du panneau qui l’indique, probablement volé mais sans doute prochainement remplacé).
Un peu plus loin, la bande s’interrompt à nouveau. Ici, c’est vrai qu’il y a des commerces. Mais un parking de taille importante existe déjà sur le côté gauche de la rue. Il n’est donc pas acceptable de mettre en danger les cyclistes pour quelques places de plus.
Surtout lorsque les commerces en question sont fermés pour certains (voir le panneau à vendre sur la vitrine).
Encore quelques places (dont on peut voir, en plus, qu’elles sont loin d’être toutes utilisées).
Un bout de trottoir qui aurait pu être redessiné…
Même si nous demandons des arceaux à vélo, nous n’aurions pas critiqué la suppression ou le déplacement de ceux-ci afin de permettre la réalisation d’une bande cyclable. Par ailleurs, on se demande pourquoi une place de stationnement a été ici conservée…
… alors que les riverains ont un parking.
Ensuite, on se retrouve sur la bande qui existait déjà depuis quelques années. Elle démarre désormais plus tôt grâce à la suppression de quelques places de stationnement.
L’arrêt de bus est sur la bande, ce qui est fréquent mais n’a jamais posé de problème. Il suffit d’attendre que le bus démarre.
Suite de la bande cyclable, sans défauts.
Bande cyclable bien matérialisée, y compris au niveau du croisement.
Ici, la bande longe le stationnement sur trottoir, ce qui n’est pas très confortable mais reste acceptable en montée.
La largeur est toujours correcte.
Nous approchons du giratoire de la croix de Palente.
Après celui-ci, la bande reprend.
Surprise ! Le stationnement a été supprimé ici, alors qu’il avait été possible de créer une bande cyclable sans le faire. Mais c’est beaucoup plus confortable et moins dangereux sans lui. En effet, la bande faisait auparavant un écart et les véhicules avaient tendance à circuler dessus. C’est donc un progrès.
On arrive au bout du tronçon nouvellement refait. La bande a été tracée jusqu’au plateau créé par les travaux du tramway, ce que l’équipe du projet tram n’avait pas pris la peine de faire.
Après le plateau, en revanche, plus rien alors qu’un marquage provisoire promettait quelques mètres (pas forcément utiles, mais c’était toujours ça de gagné sur le stationnement…). Oubli ?
Sens descendant :
Lorsque l’on descend la rue de Belfort, une bande cyclable continue existe depuis les giratoires de l’entrée de la ville. Il manque juste les quelques mètres que les équipes du tramway n’ont pas pris la peine de repeindre après les travaux. Tout comme dans l’autre sens, il est étonnant de voir qu’ils n’ont pas été repeints alors qu’un marquage provisoire avait été tracé dans ce but.
Après le plateau, nous voici sur une bande cyclable qui n’existait pas auparavant. En effet, celle d’où nous venons s’arrêtait au carrefour que nous venons de franchir.
Ce nouveau tronçon est interrompu par un arrêt de bus, ce qui n’est pas gênant…
… puis par un arrêt de taxis, ce qui l’est déjà un peu plus. Non pas à cause des taxis, car nous ne n’en avons jamais vu stationner ici. Cet arrêt est probablement peu utilisé, et uniquement pour prendre des passagers et repartir aussitôt. Sa présence n’est donc théoriquement pas incompatible avec la bande cyclable. Mais le problème, c’est qu’on y voit régulièrement des véhicules en stationnement qui ne sont pas des taxis.
Ensuite, la bande reprend… mais pas longtemps.
Là, elle est à nouveau interrompue par ce qui semble être deux places de stationnement classiques, qui n’existaient pas avant ! A-t-on voulu compenser les suppressions de l’autre côté ? Était-ce vraiment nécessaire compte-tenu des parkings privés existant des deux côtés ? Le résultat est un aménagement digne d’un bêtisier, où pour l’instant aucun automobiliste ne semble avoir osé se garer (et tant mieux). Mais cela risque de changer lorsque les places seront peintes, si c’en est vraiment.
En tout cas, les entreprises riveraines disposent de leurs parkings.
Après ce passage étonnant, la bande reprend.
Elle s’arrête définitivement au niveau du giratoire. En effet, au delà, la rue de Belfort est moins large et il n’est pas possible de tracer une bande de chaque côté. Pour nous, l’important est qu’il y en ait une dans le sens montant, ce qui est désormais le cas… mais par intermittence.
Conclusion :
Pour les cyclistes, c’est une (demi-)victoire.
Victoire, car sur un axe tel que la rue de Belfort, chaque mètre d’aménagement gagné est un progrès. Surtout quand ces mètres d’aménagement ont été gagnés en supprimant une voie de tourne-à-gauche ou des places de stationnement, comme c’est le cas ici.
Mais c’est aussi une vraie défaite.
C’est une défaite car la rue de Belfort est un aménagement prioritaire et sur lequel nous avons besoin d’une véritable continuité cyclable. Pas uniquement de tronçons de bandes permettant tout juste de respirer entre deux passages délicats, et placés là où l’on a estimé que les automobilistes et les commerçants ne gueuleraient pas trop.
Il est impensable que la sécurité des usagers non motorisés passe après le petit confort personnel de quelques égoïstes qui veulent éviter quelques pas. Même quand ils sont supposés être clients des commerces. Et c’est d’autant plus absurde qu’il a été maintes fois démontré que la voiture était fortement responsable du déclin des commerces de proximité, tandis que les usagers non motorisés sont ses meilleurs clients.
Pour terminer, une dernière chose nous déçoit énormément.
Durant le mandat précédent, si le conseiller municipal en charge du vélo était un élu sincère et à notre écoute, il n’en était pas de même de l’adjointe à la voirie dont les opinions anti-vélo étaient à peine dissimulées.
Mais depuis le changement de mandat, ces deux postes sont occupés par des cyclistes à qui il n’est pas nécessaire d’expliquer les bienfaits du vélo.
Pourtant, on n’avance pas plus vite.
Alors qui dirige cette ville ? Les élus ? Les commerçants ? Les riverains ? Ou tout simplement ceux qui gueulent le plus fort ?
Ces dernières années, l’AVB a fait de gros efforts pour démontrer sa crédibilité et être un interlocuteur sérieux auprès des collectivités. Nous sommes restés très sympathiques (doux euphémisme) sur des dossiers où nous aurions pu attaquer. Cela nous a même été reproché plusieurs fois par des usagers.
Désormais, nous n’avons plus rien à prouver de ce côté, et puisque rester sympathiques ne suffit pas, nous en tirons les conclusions qui s’imposent. L’un de nos nouveaux adhérents, très actif, s’est formé pour attaquer en justice au nom de la célèbre loi sur l’air. Cela sera fait de façon systématique.
À bon entendeur…