Lors de la remise en état de l’ancienne voie ferrée de Besançon à Vesoul pour assurer la liaison entre la gare TGV et celle de la Viotte, un petit pont au dessus de celle-ci, situé à la limite entre Besançon et École-Valentin, a fort judicieusement été conservé.
Dans la perspective de la création de la halte d’École-Valentin, nous avons donc demandé au Grand Besançon s’il était possible de rendre cet ouvrage accessible aux cyclistes. En effet, il n’est plus ouvert depuis longtemps à la circulation des véhicules puisqu’il arrive dans un fort talus, en contrebas d’une bretelle routière d’accès à la N57.
Il était déjà accessible aux piétons, situé sur le tracé d’un GR.
On nous a alors répondu que c’était prévu. Et cela a été fait plutôt rapidement, ce qu’il faut souligner.
Petite visite en images.
En arrivant de Besançon, on s’engage dans la rue Champêtre. La bien nommée est située sur la limite entre les deux communes.
À l’entrée, un panneau indique que c’est une impasse. Il manque ici un panonceau M9v2 :
Ou, encore mieux, celui-ci :
(Si si, il existe. Il y en a même un dans la boucle. Celui qui saura nous dire où gagnera son poids en chambre à air usagées.)
Un peu plus loin, rebelote.
Il manque un encore un « sauf vélos »…
Arrivé en bas de la rue, voici le pont.
Ici, la signalisation est la bonne. Mais ce n’est pas ici, où seuls quelques promeneurs la verront, qu’il fallait mettre le jalonnement indiquant la halte. Il mériterait d’être en haut de la rue.
Sinon, le raccourci restera un truc d’initiés.
Après le pont, c’est un véritable raidillon qui vous attend. C’est le moment d’utiliser votre plus petite vitesse… ou de descendre de votre monture.
Nous n’avons pas de critique à émettre ici. Les contraintes du lieu (voie ferrée, talus, bretelle) ne permettaient pas mieux. Et c’est très court. Avec un vélo à vitesses, c’est franchissable.
À la sortie, un joli bout de voie verte nous attend, là où il fallait jusqu’ici sauter une bordure et reprendre la chaussée.
Une chose est sûre : on ne risque pas de se faire écraser ici. On a mis les grands moyens.
On traverse ensuite une bretelle de service. La traversée est très bien traitée. Pas de marquage mais il n’y en a pas besoin. Et surtout, pas de seuil, potelets, ou autre cochonceté anti-vélo de plus en plus à la mode de nos jours…
Jusqu’ici, tout va bien.
C’est après que les blagues arrivent. Sinon, on ne serait pas en France.
Première blague : un grand classique : le panneau qui vous demande de mettre pied à terre.
Outre la France, on voit ce type de panneau dans de nombreux pays (en général, ceux où l’on crée des aménagements cyclables sans véritable culture vélo…).
Chez nous, on y avait à peu près échappé. Il y en avait juste deux près de la zone de Serre-les-Sapins. Maintenant, il y a ces deux-là et ceux qui ont été rajoutés dernièrement sur le pont de Beure.
Pourtant, quel que soit le pays, ces panneaux ne sont jamais respectés. C’est contre la nature même du cycliste de mettre pied à terre sans raison. Ils n’ont d’autre effet que d’habituer les cyclistes à considérer le code de la route comme un folklore. C’est dommage.
Ici, rien ne justifiait la pose d’un tel panneau. À partir du moment où l’aménagement est une voie verte bien séparée de la chaussée, cyclistes et piétons peuvent y circuler. Il y a certes un rétrécissement, mais ce n’est pas la bousculade ici, même aux heures de pointe…
Ensuite, une ouverture dans la barrière en béton a été créée pour permettre le passage du GR. Pour un cycliste, c’est sans doute le moment de quitter l’aménagement et de reprendre la chaussée. En effet, la suite n’est pas réellement praticable à vélo.
Au début, elle commence pourtant bien, semblable à ce que nous avons vu précédemment.
Mais après, on tombe sur ça :
Visiblement, on a voulu sécuriser les cyclistes au maximum. L’intention est louable, et on reproche assez aux aménageurs de ne pas le faire.
Malheureusement, cette épingle sera probablement infranchissable si vous avez un tandem, un vélo-couché, un vélo-cargo… et difficile avec une simple remorque. Pas très grave si l’on venait juste prendre le train. Plus gênant pour ceux qui vont chez Casto en cargo (on en connaît du côté de la Bouloie !).
Et même sur un vélo normal, contrairement à ce qu’on imagine, beaucoup de cyclistes quotidiens n’ont pas l’adresse nécessaire pour franchir quelque chose d’aussi serré.
Par ailleurs, vous aurez noté qu’une fois l’épingle franchie vous tournez le dos aux véhicules que vous allez croiser… dommage pour un croisement où la visibilité était excellente.
Une fois la bretelle traversée, une barrière en chicane a été ajoutée parce que sinon la vie des cyclistes serait trop simple. Ce type d’aménagement est pourtant très dangereux, car le cycliste se concentre sur son franchissement au détriment de l’attention qu’il devrait porter aux véhicules qu’il va croiser. Mais en France, il est répandu.
Il ne devrait pourtant être utilisé que là où l’on souhaite, pour des raisons valables, stopper les cyclistes. Par exemple, à l’entrée d’une zone piétonne très fréquentée par les touristes comme on en voit à Paris ou Londres.
Pour terminer, l’aménagement s’arrête le long de la rue qui rejoint la gare. Là, on n’échappe pas à un petit seuil inconfortable.
Conclusion :
Un aménagement utile et réalisé rapidement, et cela mérite d’être souligné. Il rendra de bons services aux cyclistes circulant dans cette zone.
Dommage, par contre, qu’il soit mal signalé et comporte autant de défauts d’ergonomie.
Un cycliste n’ayant pas l’habileté technique d’un VTTiste, et qui voudrait respecter la signalisation, mettra pied à terre 4 fois : pour le raidillon, puis pour respecter les panneaux, puis pour franchir l’épingle et enfin pour franchir la barrière en chicane.