Édito du Rayon n°70.
Vous le savez. Lors de l’enquête publique préalable aux travaux du tramway, nous avons rendu un dossier qui a été examiné et pris très au sérieux par le commissaire enquêteur.
Ce dernier a en effet recommandé à l’agglomération d’apporter une attention particulière à nos remarques. Remarques parmi lesquelles figuraient des demandes relatives à la période du chantier elle-même, et pas seulement aux aménagements définitifs.
Nous demandions en effet qu’on profite de cette période pour favoriser l’usage du vélo : d’une part en communiquant sur le sujet, et d’autre part en prenant en compte les cyclistes durant les travaux.
Pour ce qui est du premier point, ce n’est pas la panacée. Si le vélo est largement cité à chaque réunion publique, et toujours évoqué dans les documents de communication, on peut regretter le peu d’arguments donnés pour encourager sa pratique. Osons, par exemple, écrire que le vélo est plus rapide que la voiture sur la majorité des trajets urbains ! Et éditer une brochure consacrée à la promotion du vélo !
Parlons maintenant de la prise en compte des cyclistes durant les travaux. C’est simple : elle est nulle. Au sens mathématique du terme. Pas mauvaise, non. Juste inexistante !
Deux exemples.
– Passer devant la gare est devenu un parcours du combattant. Dans un sens comme dans l’autre, les continuités cyclables sont coupées. Seule solution : passer sur la chaussée avec les voitures. Ce qui signifie : rouler à contresens quand on vient de la place Leclerc ! C’est peut-être pour ça qu’on a mis tant de chrysanthèmes dans les jardinières ?
– Aller à Planoise depuis le centre-ville par les 408 est également devenu impossible. Alors que cet itinéraire cyclable était considéré comme prioritaire et réalisé depuis la fin des années 90, Mme Weinmann a annoncé sans vergogne lors d’une réunion publique à Planoise que les cyclistes allaient y être « un peu chahutés ». Doux euphémisme. Quelques semaines plus tard, les pistes cyclables étaient transformées en… voies de circulation pour les voitures, afin de libérer l’emprise de la chaussée pour les travaux.
Et c’est ainsi partout : sur chaque chantier, on fait en sorte que les automobilistes et les piétons puissent encore passer (ou on les dévie tant bien que mal), mais on ne fait rien pour les cyclistes. Pas même une déviation quand il n’y a pas d’autre solution.
Par ailleurs, les changements de sens de circulation sont aussi l’occasion de voir de belles
absurdités, comme le bas de la de la Madeleine et celui de la rue Baille mis à sens unique sans double-sens cyclable. La première a mis un certain temps à être corrigée alors que c’est un itinéraire essentiel pour les cyclistes. La seconde ne l’a toujours pas été.
Aurait-on oublié qu’il existe des cyclistes ? Ou pense-t-on que ceux-ci arrêtent de circuler en période de chantier ? On pourrait presque le croire.
Pourtant, quand il s’agit de mettre des panneaux « Cyclistes, pied à terre », qui poussent actuellement comme des champignons, on se souvient bien que les cyclistes existent.
Dans une période de difficultés, propice aux changements d’habitude, nous aurions
pu espérer mieux qu’une politique qui ne prend en compte l’existence des cyclistes
que pour les considérer comme des gêneurs.