Ou comment une histoire effroyable… de banalité peut faire couler de l’encre et des octets… !
Les faits :
Rue de Pontarlier, à Besançon, un cycliste, comme tant d’autres, circule en sens interdit afin d’éviter un détour. Un cycliste, ça aime aller au plus direct.
Quand, tout à coup, une voiture surgit en face de lui, notre cycliste a le réflexe de monter sur le trottoir. Un cycliste, ça aime éviter les ennuis.
Cette situation se produit chaque jour des dizaines de fois dans toutes les villes de France et en général elle n’a aucune conséquence. Sauf quand le cycliste a un visage reconnaissable entre mille : celui d’Eric Alauzet.
Paille, poutre, tout ça…
Ça semble être une tendance actuelle : tout citoyen aime connaître son heure de gloire en dénonçant dans la presse les mauvais agissements de nos vilains élus. Notre automobiliste, Mme Marie-Claude Bonnemaille, sort donc sa plus belle plume pour alerter l’Est Républicain sur le comportement illégal de ce vilain élu qui ose rouler à vélo en sens interdit et sur le trottoir ! Un élu, écrit-elle, « on peut considérer qu’il donne l’exemple » ?
Sur cette phrase en particulier, nous sommes plutôt d’accord avec elle. En effet, on aimerait bien que plus d’élus montrent l’exemple. Par exemple… en roulant à vélo en ville plutôt qu’en voiture. Et c’est précisément ce que fait M. Alauzet. Cette dame ferait donc bien de suivre l’exemple plutôt que de chercher la paille dans l’oeil du voisin…
Par ailleurs, remarquons que dans le cadre de la mise en conformité des zones 30 avec le décret du 30 juillet 2008, la rue de Pontarlier passera d’ici quelques jours à double sens pour les vélos. Et si le délai légal avait été respecté par la Ville, cela serait déjà fait. C’est dire si l’infraction de notre élu est grave : il a osé anticiper une mise en conformité qui tardait à arriver.
M. Bernard Payot, journaliste à l’Est Républicain, écrit donc un article dans lequel il remet gentiment à sa place notre automobiliste, et conclut en rappelant une évidence qu’elle semblait ignorer : un centre-ville, en 2011, ce n’est plus le royaume de la voiture.
Nouveau rebondissement.
L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais c’était sans compter la participation de Daniel Aime. Si ce nom est pour vous celui d’un illustre inconnu, sachez qu’il est l’auteur du blog Besagora. Un blog au joli nom qui revendique de donner la parole aux bisontins, même si certains diront qu’il la donne surtout à son auteur. Mais à vrai dire, c’est le principe d’un blog et habituellement ça ne dérange personne.
Nostalogie de l’époque Pompidou ? Monsieur Aime, qui avait déjà déclaré à propos de cette histoire, « Il est mieux de pouvoir se garer en payant pour aller a la poste plutôt que de conserver des » places a vélo » souvent inutilisées … », en remet une couche en faveur de la voiture en ville. Confortablement installé devant sa chaîne hi-fi et ses photos de famille, il nous explique son point de vue dans une vidéo palpitante. (Mais si vous ne palpitez pas, rassurez-vous : il a eu le bon goût de transcrire son intervention par écrit.)
Et son point de vue a de quoi faire rire. Ou pleurer. C’est selon. Passons sur le fait qu’il a lu l’article de travers (reprochant au journaliste de trouver des circonstances atténuantes à M. Alauzet alors qu’elles ont été données par Mme Bonnemaille) et allons directement à l’essentiel : la vraie information, le scoop que nous donne M. Aime. « Le maire et les élus verts ne voudraient plus voir de voitures en ville. Tous les bisontins le savent. » Chouette ! On va pouvoir dissoudre l’association et aller aux champignons le dimanche. Mais si tous les bisontins le savent, on se demande quand même comment on était passés à côté. Mais bon, de toute façon, tout ça n’est qu’ « un coup bas politique ». On n’est pas loin de la théorie du complot.
Bref, il s’en passe des choses à Besançon. En attendant, espérons que tout cela ne décourage pas d’autres de nos élus de se mettre au vélo. Au hasard, notre adjointe à la Voirie ?
Image : wikipédia.