Principes et Objectifs d’un Baromètre Vélo.
La Fédération des Usagers de la Bicyclette (ou FUB pour les intimes), fédère au niveau national des associations de cyclistes comme l’AVB. Longtemps la FUB a décerné le très piquant prix du « clou rouillé », remis à la ville jugée la moins cyclable de France. À l’opposé une commune ayant fait des efforts notables pour promouvoir l’usage de la bicyclette se voyait décerner – consécration ultime – le « guidon d’or ». Ces prix étaient jusqu’alors décernés par un jury de la FUB sur la base de nominations par des associations locales. Ce faisant, ils reflétaient surtout l’opinion des militant.e.s actifs/actives du vélo.
Pour mieux évaluer les attentes des citoyen.ne.s, recueillir des données et dresser un palmarès plus impartial des communes où il fait bon pédaler, la FUB lance le baromètre des villes cyclables, en 2017, dans le cadre des Assises Nationales de la Mobilité. Et c’est un succès : avec plus de 113 000 réponses, l’enquête devient la deuxième plus grosse réalisée en Europe sur le vélo. Elle a permis de noter 316 communes, qui ont toutes reçues un minimum de 50 réponses valides, selon des critères qui permettent une comparaison internationale. Tous les résultats sont consultables ici,
Si le baromètre, de par son taux de participation, montre un appétit pour le vélo en ville, les résultats dévoilent en revanche une France peu cyclable. Avec une échelle de notes, inspirée des étiquettes-énergie allant de G à A+, 93% des villes n’obtiennent pas la moyenne. Si 11% des communes obtiennent un sinistre G, aucune en revanche n’obtient de A ou de A+. On félicitera tout de même 3 pionnières: Strasbourg, La Flèche et Sceaux, qui obtiennent un honorable B. Triste constat pour les grandes villes, elles sont si peu nombreuses à être bien notées que Bordeaux a pu se hisser sur le podium avec un D.
Moment fort de la cérémonie de remise des prix aux congrès de la FUB: alors que Dijon s’apprête à monter sur la deuxième marche du podium, pour la catégorie des villes de 100 à 200 000 habitant (la même que Besançon), Catherine Hervieu, adjointe au maire (EELV) de Dijon déclare: « Je suis particulièrement contente, parce qu’on vient de très très loin. En 2000, on avait eu le prix du clou rouillé!« . Sur ces mots, elle sort un clou de sa poche et le rend à Olivier Schneider, président de la FUB. Preuve qu’avec une ambition politique et des moyens à la hauteur de ses ambitions, on peut transformer sa ville. Les bons résultats de notre « rivale » bourguignonne sauront-ils susciter une saine émulation et provoquer un sursaut dans la politique cyclable de Besançon? Car côté bisontin, le tableau est plus contrasté…
Besançon : un Climat Cyclable Médiocre
Si les efforts de la ville de Besançon pour multiplier le kilométrage d’itinéraires cyclable, ont été notés par tous, les répondant.e.s bisontin.e.s ont cependant jugé médiocre leur environnement cyclable. La ville écope d’un D, et échappe de justesse au E, avec une note globale de 3.16, la même que Paris!
Parmi les points fort on notera un bon maillage de vélocistes et d’ateliers participatifs. L’AVB félicite donc les professionnels du vélo et l’association amie Vélocampus, qui sont des éléments essentiels d’un véritable système vélo. On saluera aussi Vélocité, le système de vélo en libre service à Besançon, car les bisontin.e.s jugent qu’il est facile de louer un vélo. La municipalité doit aussi être remerciée pour les efforts qu’elle a faits pour instaurer des double-sens cyclables, effet sans doute de la généralisation du 20 km/h dans la boucle et le quartier Battant.
Trois enjeux de sécurité son jugés particulièrement sévèrement dans cette enquête: la sécurité des cyclistes perçus comme les plus vulnérables, la sécurité dans les intersections, et la sécurité sur les grands axes. En résumé, à Besançon, on pédale dans des environnements jugés menaçants, et on ne laisse pas sereinement ses enfants faire du vélo, un enjeu pourtant déterminant pour l’évolution à venir des habitudes de déplacement.
La sécurité sur les grand axes est d’ailleurs le point où Besançon se place le plus mal par rapport aux villes de sa catégorie. On ne s’en étonnera pas, le boulevard dit « des trois présidents » est un élément structurant de l’agglomération bisontine, et les cyclistes en sont exclu.e.s en raison d’un trafic automobile rapide et dense, et faute d’infrastructures adaptées. La rue de Belfort, avec son contre-sens cyclable incomplet et l’absence d’une bande cyclable continue dans le sens du trafic – notamment dans le bas très dense – n’est pas une partie de plaisir pour les cyclistes; pas plus d’ailleurs que la rue de Vesoul. Dans cette dernière la bande existante dans le sens de la montée, bien que récemment créée, présente de nombreux défauts, et s’interrompt avant le boulevard Léon Blum. l’AVB demande, de longue date, l’équipement cyclable de tous les grands axes et nous sommes contents que la présente enquête apporte de l’eau à nos moulins. Aussi espérons nous que ces données donneront un nouvel écho à nos demandes auprès des autorités locales.
Fait intéressant 80% des répondant.e.s utilisent le vélo pour leur déplacements domicile-travail/école, 73% pour d’autres trajets utilitaires. Voilà qui contraste avec l’imaginaire du sport et des loisirs trop souvent associé au vélo et qui rend difficile la prise en compte sérieuse de la bicyclette comme un moyen de transport à part entière. Mais plus généralement, qui a répondu à Besançon? Une majorité de cyclistes avec une pratique quotidienne ou régulière, qui estiment avoir un bon niveau de pratique, une population jeune et plutôt masculine. Il semble évident que des progrès restent à faire pour toucher un public plus large et plus représentatif de l’ensemble des habitant.e.s de Besançon, pour recueillir l’avis des cyclistes occasionnel.le.s et des cyclistes potentiel.le.s pour mieux comprendre leurs freins à l’usage du vélo. Lors de la prochaine enquête de ce type, il sera donc important de diffuser le questionnaire et d’inclure le plus de monde possible. Ainsi, nous pourrons mieux déterminer les efforts à faire et les priorités pour l’action militante de l’AVB.
Pour l’AVB, quelles Leçons et quelles Priorités?
Le questionnaire proposait aux répondant.e.s de choisir leurs priorités pour améliorer les conditions de circulation à bicyclette. Ces préconisations sont un outil intéressant pour aider les municipalités et les associations à évaluer les attentes des cyclistes; les résultats sont sans appel : les cyclistes veulent avant tout un réseau cyclable complet et sans coupures. Ce résultat est vrai dans toute la France (79%) et particulièrement à Besançon (83%). La fréquence de ce choix augmente d’ailleurs avec l’âge des répondant.e.s et décroît légèrement avec leur niveau de maîtrise et la fréquence de leurs usages du vélo. La seconde préconisation porte sur des itinéraires directs et rapides. Ces deux aspects sont d’ailleurs intimement liés. À Besançon où les grand axes sont impraticables à vélo, comme nous l’avons déjà évoqué, ils constituent de véritables coupures du réseau qui imposent des itinéraires de contournement, ceux ci sont rendus d’autant plus pénibles qu’ils induisent souvent des dénivelés supplémentaires. La qualité du réseau cyclable confirme son statut primordial pour les cyclistes et cet enjeu s’impose donc comme prioritaire pour l’AVB.
En plus de ses demandes pour compléter le réseau, notre association s’engage aussi pour que l’on supprime les coupures du réseau existant. Si la mairie de Besançon aime communiquer sur le kilométrage des voies cyclables, cette mesure comptable ne préjuge pas de la qualité des aménagements ni de leur continuité. Or, il est crucial que les cyclistes ne sois pas livré.e.s à elles-même/eux-même entre deux tronçons aménagés. D’ailleurs la sécurité dans les intersections est, rappelons le, un sujet de préoccupation majeur pour les répondant.e.s bisontin.e.s. De nombreuses discontinuités ont déjà été répertoriées et dénoncées par l’AVB lors de l’opération des 100 courriers de Noël. Nous veillerons au suivi de ces demandes et une réunion avec la mairie est déjà prévue à cet effet, nous espérons un échange constructif, et nous soulignerons l’importance d’intersections sécurisantes.
Autre fait notable, au niveau national 80% des personnes interrogées estiment qu’à vélo il est important d’être séparé du trafic motorisé. Nous partageons ce point de vu et nous souhaitons que des pistes cyclables en site propre soient mises en place, notamment le long des axes structurant de la ville, pour former un véritable réseau cyclable à haut niveau de service, squelette d’un réseau de qualité. En revanche, l’association ne donne pas de satisfecit à la ville pour ses « pistes cyclables sur trottoir » – véritable contradiction en les termes – qui semblent malheureusement s’être constituées en lieu et place du trottoir (ici un courrier ou nous rappelons à la ville nos positions sur la question). Nous maintenons que le développement du vélo doit se faire en récupérant une partie de l’espace que l’automobile s’est accaparé, et non au détriment des piétons.
Les chantiers sont donc nombreux pour celles et ceux qui désirent une ville plus cyclable, moins bruyante, moins polluée et qui encourage la sociabilité. Mais le succès du baromètre vélo montre aussi que les cyclistes son nombreux.ses à avoir leur mot à dire sur les politiques de mobilité. Ensemble nous pouvons peser pour améliorer le climat cyclable de notre ville. Alors venez nombreux.ses grossir les rang de l’AVB, participez aux réunions publiques, faites connaître vos souhaits et vos projets pour une ville plus cyclable. À l’école, dans l’entreprise, au quotidien, faites entendre la voix des cyclistes autour de vous!