Interview : j’ai repris le vélo à Besançon après 15 ans sans en faire.

Nous avons rencontré Thierry, un bisontin récemment converti au vélo urbain après 15 ans sans être monté sur un deux-roues, et cela nous a donné l’envie de faire une petite interview. Pourquoi ? Pour récolter les impressions de quelqu’un qui n’a rien d’un cycliste militant acharné, mais qui veut juste faire le choix de se déplacer autrement qu’en voiture. L’occasion d’avoir un regard extérieur sur la circulation à vélo dans Besançon, la politique cyclable de notre ville, et même sur notre propre action et nos demandes. Tu as repris le vélo après 15 ans. Pourquoi ?

Depuis un certain temps, j’utilisais de moins en moins la voiture, et optais plutôt pour le bus. J’ai toujours eu une réflexion autour de la pollution, et l’envie de circuler autrement. Ensuite, à cause d’une blessure, je n’ai pas pu conduire du tout pendant six mois, et j’ai constaté que je pouvais m’en passer au quotidien. Alors j’ai commencé à réfléchir à l’idée de me séparer de ma voiture si un service d’autopartage était mis en place.

Quand Auto Cité est arrivé, je me suis dit « Y a plus qu’à », et j’ai franchi le pas (au bout d’un an). Et là, j’ai remarqué qu’il manquait un intermédiaire entre le bus et la marche à pied, qui offre plus de liberté (rentrer tard, accéder plus facilement aux endroits moins bien désservis). J’ai donc fait remettre en état mon vélo et j’ai refilé la voiture à un copain, et c’était parti.

Donnée ?

Oui. Je lui avais déjà prêtée pas mal de fois, et je savais qu’elle ne valait pas grand chose et qu’il n’était pas très riche…

Pourquoi avoir attendu l’autopartage ?

Pour ne pas rester bloqué en cas de réel besoin d’une voiture : grosse course, aller loin…

A propos du vélo. Cela fait maintenant 1 an que tu as repris. Quel est ton bilan ? Qu’est-ce que cela t’apporte ? Quelles sont les éventuelles difficultés ?

Ca m’apporte une liberté : je me déplace où je veux, quand je veux. J’y prends même du plaisir. Il m’arrive de sortir à vélo juste pour faire du vélo. Au niveau des difficultés, je n’avais jamais fait de vélo en ville, donc il a fallu s’adapter…

Par exemple ?

Après avoir fait réparer mon vélo, juste en sortant du magasin, je suis monté dessus tout de suite et j’ai roulé… jusqu’au premier feu, qui était rouge. Là, voyant la file de véhicules à l’arrêt, je n’ai pas su quoi faire : doubler par la gauche (et affronter les voitures en face ?), ou par la droite (et surprendre les conducteurs), rester derrière (et subir les embouteillages à vélo !), ou rouler sur le trottoir (interdit)… Alors finalement, je suis monté sur le trottoir… à pied, en poussant mon vélo.

En fait, je n’avais jamais circulé à vélo ailleurs que sur des petites routes de campagne. J’ai donc dû brusquement apprendre à gérer ce type de situation sans m’y être préparé.

Et maintenant, ça va mieux ?

Oui. J’ai pris plus d’aisance, mais ce n’est pas encore parfait. Je suis à peu près à l’aise quand il y a des aménagements (pistes ou bandes), ou dans la boucle, où cela va bien aussi. Le reste du temps, je suis encore hésitant à prendre le vélo, en tout cas en semaine, car je ne me sens pas suffisamment en sécurité. Le week-end, ça va. Il y a moins de voitures.

Les aménagements t’apportent donc beaucoup ?

Oui ! Sans hésiter. Même s’ils ne sont pas parfaits, c’est mieux que rien. On sent qu’on a le droit d’exister ! Je sens que de gros progrès ont été faits par rapport à mon arrivée à Besançon il y a 15 ans. Mais il faut continuer. Il y a encore beaucoup à faire. Par exemple, je n’ai jamais osé remonter la rue de Vesoul, avec tout le trafic et sans aménagement. Il y a aussi le boulevard.

C’est bien que tu parles de la rue de Rue Vesoul. Notre association y demande une bande cyclable dans le sens montant. Si une telle bande existait, tu oserais la prendre ?

Je pense. Oui. C’est clair qu’il faut une bande au moins dans le sens montant.

D’autres difficultés ?

Les feux. Il me semble qu’ils fonctionnent avec des détecteurs, et ils ne détectent pas tous les vélos. On hésite entre griller le feu et monter sur le trottoir, et comme on ne sait pas lesquels nous détectent ou non, on ne sait plus trop si on doit attendre ou passer. (NDLR : C’est aussi un problème que nous avons beaucoup signalé. Des efforts ont été faits, mais il reste des feux qui ne nous détectent pas. Il ne faut pas hésiter à les signaler à la mairie (Proxim’Cité) car nous ne passons pas partout. Par ailleurs, certains feux nous détectent, mais à condition de se placer au bon endroit. Il faut repérer la découpe dans le bitume, mais ce n’est pas signalé.)

Mon problème vient aussi d’un manque de connaissance des aménagements de la ville. Je sais qu’une carte des aménagements cyclables a existé, mais je ne l’ai pas (NDLR : Une prochaine édition va sortir d’ici quelques temps, et notre association a dorénavant sa propre carte). Donc parfois je pars sans trop savoir à quoi m’attendre, ou je renonce à partir à vélo car je ne suis pas un casse-cou.

Pour terminer, en dehors du centre je ne trouve pas toujours ce qu’il faut pour stationner mon vélo. Par exemple, au centre associatif Simone de Beauvoir, rue Violet. (NDLR : défaut corrigé depuis la publication de l’article.)

Avant notre rencontre, avais-tu entendu parler de notre association ?

Oui. Parce que je travaille au CRIJ et on reçoit votre bulletin (que je lis), et je connais aussi des gens qui ont déjà participé à vos manifestations.
J’avais aussi trouvé un lien sur votre site, qui donnait des conseils pour circuler en ville (NDLR : oui, c’était un lien vers le site de l’association Bordelaise, on pensera à le remettre de temps en temps en page d’accueil). J’avais bien apprécié.

Puisque tu parles de la manif. La prochaine aura lieu le 12 mai. Tu n’y es jamais venu ?

Pas encore. Mais pourquoi pas !

Connais-tu nos actions ?

En dehors des manifestations, je sais que vous êtes en relation avec la mairie pour obtenir des nouveaux aménagements. Ce n’est pas vous qui faisiez aussi des campagnes pour l’éclairage ?

Exact. Et en tant que cycliste, qu’attends-tu de nous ? As-tu des propositions à nous faire ?

De continuer dans cette voie… C’est important que vous fassiez remonter des infos et des demandes à la ville. Quand on ne circule pas à vélo, on ne peut pas se rendre compte des besoins des cyclistes.
Je suis aussi preneur d’aide pour l’entretien du vélo.

Pour l’instant, l’entretien n’est pas à l’ordre du jour. Mais pourquoi pas. En attendant, il y a les ateliers de Vélocampus et de l’Entrepôt.

Pour récapituler, à part à vélo, comment te déplaces-tu ?

Le plus souvent, en bus et à pied, et sinon en voiture avec Auto Cité (pas très souvent, deux fois par mois). Pour utiliser Auto Cité, je vais soit en prendre une au centre-ville, en prenant le bus, ou alors je vais souvent à celle de la rue de Belfort, la moins loin de chez moi, où je peux aller à pied ou à vélo…

Sinon, j’utilise aussi le train. Et lorsque je descends en ville sans mon vélo, il m’arrive d’utiliser Vélo Cité une fois sur place. j’ai pris l’abonnement annuel (tarif réduit avec abonnement bus).

Es-tu satisafait d’Auto Cité et Vélo Cité ? Considères-tu que la combinaison des différents moyens cités t’a permis de te passer de voiture sans rencontrer de difficultés ?

Oui et oui.

Auto Cité et Vélo Cité me satisfont globalement. Pour Auto Cité, ça sera un peu mieux quand il y aura une voiture plus proche de chez moi.
Par ailleurs, je suis surpris du manque de communication pour les adhérents au service : pas de mails d’info quand une station change de place ou que les prix augmentent, rien sur le site internet. Par exemple je me suis aperçu que de nouvelles voitures ont été mises en service… en voulant en réserver une ! On n’a aucune info. C’est dommage car c’est vraiment un service intéressant.

J’ai aussi réussi à faire en sorte d’être autonome sans voiture. Je n’ai pas recours à d’autres personnes qui en ont une pour m’emmener. C’est important. Ca permet d’éviter le cliché, d’être pris en pitié parce qu’on n’a pas de voiture. Parfois, il faut se battre un peu contre des gens qui proposent leur aide de bon coeur, pour leur faire comprendre que se passer de voiture peut être un choix.

Un dernier truc à ajouter à quelqu’un qui envisagerait de se passer de voiture ?

C’est possible ! Il faut le faire, et j’encourage à le faire. Plus il y aura des gens qui le feront, et plus ça sera facile pour ceux qui l’ont fait ou souhaitent le faire. Le but, c’est qu’il y ait moins de voitures en ville, moins de pollution…

Nous avons donc le même but !

Propos recueillis par Adrien Caillot.
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